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Jean BOUVIER est né au Havre en juillet 1923. Ses parents sont domiciliés à Sanvic, rue Plessis-de-Roye. Jean est dessinateur.
Réfractaire au Service du Travail Obligatoire, Jean BOUVIER quitte la région du Havre pour rejoindre le maquis de Breteuil, dans l’Eure : il y devient « André BARBIER ».
Mettant ses talents professionnels au service de l’action clandestine, Jean effectue des relevés topographiques au château de Chambray
quand il est interpellé par la Gestapo le 12 juin 1944. Incarcéré à Dreux puis transféré à Chartres, Jean BOUVIER est condamné à mort le 6 juillet 1944.
Il est fusillé au champ de tir de Chavannes, sur la commune de Lèves, le matin du 14 juillet 1944.
Après la guerre, le corps de Jean BOUVIER, homologué Sergent F.F.I. au titre du Groupe Eure-Sud et du Mouvement Vengeance, est transféré à Sanvic, aujourd’hui rattaché à la commune du Havre ; c’est là qu’il est inhumé. Sur la décision du conseil municipal en date du 20 avril 1945, une partie de la rue Plessis-de-Roye porte le nom de Jean BOUVIER ; l’inauguration a eu lieu le 16 septembre 1945.
Jean BOUVIER laisse une dernière lettre, datée du jour même de son exécution.
Chartres, 14 juillet 1944
Chère Maman, Cher Papa,
Voilà bien longtemps que je vous ai écrit, et jusqu’au dernier moment j’ai voulu espérer, je l’avoue, ne pas le faire dans ces conditions.
Ce matin, 14 juillet 1944, je serai fusillé à Chartres, j’ai été condamné à mort le 6 juillet.
Chers parents, que ne puis-je exprimer toutes mes pensées en de simples mots. Je vous demande pardon pour tout le mal que je vous ai fait et que je vous fais encore ainsi.
Papa, Maman, soyez courageux, pensez que je suis mort en bon Français et en bon chrétien ; je viens de recevoir les derniers sacrements.
Que toutes mes pensées d’adieu les plus affectueuses aillent vers vous en cette dernière heure et vers tous ceux que je connais ici et là.
Quand vous reverrez toutes ces personnes, dites-leur que j’ai pensé à elles.
Chère Maman, cher Papa, que devenez-vous en ce moment ? Voilà bien longtemps que je n’avais pas de lettre.
Je peux espérer ultimement que vous êtes en bonne santé ainsi que toute la famille.
Ce pauvre grand-père doit bien souffrir avec cette guerre. Mon dieu, qui aurait pensé que je vous quitterais ainsi ?
[…] J’avais 700 francs environ au moment de mon arrestation et ma montre. Je ne sais trop où est mon vélo, mais sans doute qu’il sera ramené.
C’est tout, je crois, je dois me dépêcher, je pars.
Adieu, chers parents, que je n’ai pas assez aimés. Voyez plus loin que tous ces vilains mots que je mets sur cette dernière lettre.
Pardon pour tout le mal que je vous ai fait. Adieu à tous et mille pensées affectueuses.
Papa, Maman, je meurs en bon Français, et Maman, rassure-toi, surtout, en bon chrétien. Je veux croire à ce qu’il y a au-delà. Mille bons baisers d’adieu.
Jean
Et deux courts poèmes, rédigés le 9 juillet :
« Jean Bouvier cessa d’être
André Barbier à Chartres
Là je fus emprisonné
Jugé enfin condamné
Entré librement à la Résistance
Le six juillet c’est déjà la sentence
Libre à Chartres, ne fus jamais allé
Libre en suis reparti ? Non, fusillé
A vous, Mon Dieu, à vous chers parents, à Toi France
Mes ultimes pensées et toutes mes espérances. »
« Mon Dieu, si ma grande espérance
N’est pas déçue dans le retour en grâce
Que cette pénitence, je le jure
Soit de mon retour à vous la gageure.
Pardonnez-moi, mon Dieu… Faites que dans le chemin
Je suive maintenant vos commandements divins
Soutenez-moi dans mes défaillances
Mon Dieu, vous êtes mon espérance. »
Merci à Mme LEFEBVRE, cousine de Jean,
pour l’ensemble des informations et des documents
ici présentés et complète, enfin,
l’histoire d’un des fusillés de Chavannes.
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