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Léontine PEAUGER (1857-1940)

Léontine BOURGEOIS est née le 11 juin 1857 au Luat Clairet, hameau de la petite commune de Luray. Le 4 mai 1875, elle épouse Henri PEAUGER, agriculteur. Le couple est installé dans l’actuelle rue du Gas-Bernier.

La famille PEAUGER perd deux de ses fils pendant la Première Guerre mondiale.
Albert PEAUGER, né en 1877, soldat au 267e Régiment d’Infanterie, est tué le 24 mai 1916 au Mort-Homme. Il repose dans la Nécropole nationale d’Avocourt dans la Meuse.
Paul PEAUGER, né en 1878, soldat au 29e Régiment d’Infanterie Territoriale, est tué au Bois de Hem le 20 septembre 1916. Il repose dans la Nécropole nationale du Bois des Ouvrages dans la Somme.
Léon, le troisième des frères, a combattu dans les Balkans.

Photographie du Monument aux Morts de Luray
Luray, les trois membres de la famille PEAUGER
sur le Monument aux morts : Léontine et deux de ses fils.

Veuve, Léontine entretient le souvenir de ses fils disparus ; des photographies encadrées ornent un mur de la maison.
Le 17 juin 1940, une unité allemande entre dans Luray. Les soldats cherchent de quoi se nourrir et où se loger.
Léontine PEAUGER est à la ferme, elle a refusé de quitter le village alors que la population du département suit massivement l’exode vers la Loire.
Des soldats pénètrent dans la maison et arrachent les cadres fixés au mur. Léontine, révoltée, ne peut s’empêcher de crier : « Vous êtes de sales Boches ! ». La vieille dame est séquestrée, les nazis demandent des excuses. Léontine refuse. Elle est exécutée dans un jardin proche.

Détail du Monument aux Morts
Luray, Léontine PAUGER (détail du Monument aux Morts)


Couverture du livre 'Premier combat'

Jean MOULIN, alors Préfet d’Eure-et-Loir, rapporte l’événement, le nom de Léontine PEAUGER est retranscrit comme étant Mme Veuve BOURGEOIS née PAUCHER, mais il s’agit bien de la même personne :

« J’apprends d’un homme sûr qui arrive à bicyclette du nord du département, qu’à Luray, une femme de quatre-vingt-trois ans a été fusillée ce matin pour avoir protesté contre l’occupation de sa maison.
J’aurai, par la suite, l’occasion de vérifier officiellement ce forfait qui a été plus ignoble que je ne pensais. La victime en est Mme veuve Bourgeois, née Paucher, originaire de Luray, où elle est domiciliée.
A l’aube du 17 juin 1940, les Allemands pénètrent par effraction dans sa maison. Mme Bourgeois survient et proteste vigoureusement contre cette violation de domicile. Sur ordre de leur chef, les soldats allemands s’emparent d’elle et l’entraînent dans un jardin. Elle est attachée à un arbre et fusillée sous les yeux et malgré les supplications de sa fille.
Mais là ne s’arrête pas la monstruosité de ces nouveaux barbares. Il faut aux nazis des raffinements : les Allemands interdisent à la fille de Mme Bourgeois de faire enlever le corps de sa mère qui devra rester vingt-quatre heures à l’arbre où elle a été suppliciée. Bien plus, ils obligent la fille à creuser elle-même la tombe de sa mère avec, tout le temps que durera cette douloureuse besogne, son cadavre sous les yeux.
Ainsi, à l’heure même où un officier supérieur allemand me donnait l’assurance que l’armée allemande respecterait la population civile du département, des membres de cette armée allemande commettaient contre une femme de quatre-vingt-trois ans ce crime odieux ! »

Extrait de « Premier Combat », journal posthume de Jean MOULIN, publié en 1947 aux Editions de Minuit.

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